La pêche.
À cette époque, le vélo et nos jambes bien entendu, nous permirent de parcourir beaucoup de kilomètres dans la campagne environnante à la recherche de diverses occupations.
La pêche prit pour moi beaucoup de place.
Elle me permit de passer de nombreuses journées au bord de l'eau à découvrir ce qu'était la patience, l'observation et savoir faire silence.
Il fallait aussi mettre en pratique les conseils d'un ami et voisin.
Très agréable et fin pêcheur ce professeur fut M. Julien Robin.
Très érudit en de nombreux domaines, il avait toujours un sujet de discussion et les réponses à nos questions. C'était un plaisir de l'écouter parler et d'aller pêcher avec lui. Il était aussi bon bricoleur, ses mains expertes et habiles venaient toujours à bout d'un problème. Il m'enseigna à fabriquer des lignes en sachant choisir les bons bouchons, régler leur flottaison avec l'aide de plomb et enfin monter les hameçons.
Il m'expliqua aussi sur la façon de pêcher les écrevisses avec des balances en insistant bien pour me dire qu'il ne suffit pas de mettre pour avoir, mais qu'il y a la manière de mettre pour avoir...
J'espère que vous avez saisi toute la subtilité de la chose.
Tout cela s'apprend, sur le tas, en fonction de l'endroit.
Tout près du village au fond d'un vallon une rivière, son nom Barlière. Seul ou avec mes amis de nombreuses fois nos cannes traquèrent le gardon et celui-ci fut souvent très complaisant pour se laisser attraper.
Quelquefois nous emportions le pique-nique et le fait de nous retrouver seul loin de la tutelle des parents cela nous donnait un sentiment d'indépendance.
Il fallut souvent mettre en pratique la patience, la discrétion et l'observation.
Que de choses pour notre âge !!!
Sans oublier de savoir garder sa langue, les bons coins ça ne se dit pas !!!
Vous avez entendu parler du secret des sources et bien pour la pêche et les champignons, c'est la même chose !
La langue ne dit pas d'où vient ce que l'on a trouvé !
En écrivant ces lignes, je revois le parcours de cette rivière même plusieurs décennies après, de plus je n'ai pas souvenir d'avoir nettoyé une seule fois le produit de la pêche.
Je remercie ma mère pour ce travail et la friture qui s'en suivait.
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Jean-Pierre Rimbaud
La pêche.