Sigonce 04 Mes souvenirs

 

Les plantes et leurs odeurs.

 
Les plantes aromatiques.

 

Je n'ai jamais pu retrouver, en me promenant dans la campagne environnante où j'ai élu domicile, région nazairienne (44), ce mélange subtil du romarin, de la sarriette et du thym.

N’ayant pu me résoudre à me couper de mes racines, je retourne quelquefois dans mon village afin de me ressourcer et je vous dirai encore que lors de ma transhumance je n’ai pas oublié d’emporter avec moi ces souvenirs. Dans mon jardin diverses plantes me rappellent cette terre lointaine et j’aime à les regarder pousser en pensant à celle-ci.

 

On vous dira bien souvent "Les herbes de Provence" ...

On a labellisé une région, c’est pour dire !

Mais il faut quand même savoir que le terme herbe est vaste et donc imprécis.

À quoi servent-elles et qu’apportent-elles ?

Il y a d’abord leurs vertus médicales et gustatives.

Je ne parlerai simplement que de la deuxième.

 

Il y a comme dans toutes choses :

Je vous dirai simplement "quand on a goûté à une grive au genièvre ou des côtelettes d’agneaux saupoudrées de thym et de romarin et grillées aux sarments de vigne, ces plats accompagnés d’une salade verte à l’huile d’olive et pour finir le plateau de fromage de chèvre parfumé à la sarriette ainsi que le pain de campagne et le vin du pays, plus jamais l'on ne pourra oublier ce goût, cette saveur et cette force contrastant avec la simplicité des composants utilisés".

 

C'est enregistré au fond de notre mémoire, même des années après.

Je ne vous ai parlé que du goût, maintenant imaginez :

dehors sous la tonnelle, l'odeur de ces plats et l'accent du Midi...

Il ne faut pas oublier que chez-nous, on prend le temps de vivre et de savourer.

De plus, pas n’importe comment et n’importe quoi.

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Les plantes odorantes.

 

La lavande ambassadrice par excellence de notre Provence, de beaux épis au bout de longues tiges, particularité une odeur forte et de plus agréable. Ses champs de couleur bleu mauve clair et ses plans alignés font qu'ils sont facilement reconnaissables dans la campagne environnante. Après la rosée du matin, quand le soleil commence à la faire évaporer, le parfum qui s'y dégage associée avec celui de ses proches voisins, le thym et la sarriette, a de quoi vous enivrer.

 

Soyez heureux de pouvoir profiter de ce mélange et considérez cela comme un privilège.

 

Vous pouvez constater que l'odeur de la campagne ne se résume pas seulement, comme certains voudraient nous le faire croire, qu'à l'odeur du fumier ! Tous nos sens y sont en éveil, notre curiosité olfactive en particulier peut s'exercer sur les différentes essences présentes dans cet environnement varié.

 

Croyez-moi même la terre a aussi son odeur !

 

Mon ami Francis possédait un champ tout près du village en allant vers Forcalquier, après la taille du lavandin, je me rappelle qu'avec lui on partait sur son tracteur et sa remorque pleine à la distillerie toute proche de Montlaux. Un immense alambic, reconnaissable dans le lointain par sa grande cheminée toujours fumante, nous y attendait et cela nous prenait une partie de la journée à attendre la transformation de ces brins magiques en essence. On prenait le pique-nique sur place au bord d'un ruisseau. Il y avait d'autres tracteurs et remorques, venant de différents villages, car il n'était pas le seul à apporter sa production. C'était un peu les retrouvailles pour certains...

 

Après la coupe, nous, quelques jeunes, allions dans les champs libérés pour y ramasser les brins que la serpe n'avait pu atteindre en se méfiant bien des hôtes de ces lieux : les abeilles qui butinaient et surtout les serpents qui profitaient de la chaleur pour se réchauffer en se cachant sous les nombreuses pierres plates qui composaient d'anciens murets.

 

Une fois les épis séchés, on les enfermait dans des sacs de tissus pour les glisser ensuite dans les armoires entre les paires de draps pour les parfumer. L'odeur de ce parfum ayant pour qualité, entre autre, de nous permettre de passer des nuits calmes et reposantes, nous permettant un repos bénéfique après nos journées bien remplies.

 

Pour les plus patients, on en faisait aussi des bouteilles en forme de petites amphores que l'on pendait ensuite dans la maison. Il fallait tresser les brins entre eux, en mettant les épis à l'intérieur, avec des rubans de différentes couleurs. L'été sur les marchés de Provence, saison de la lavande, celles-ci ressurgissent sur les étals au milieu des parfums, des savons et des pots de miel.

 

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Jean-Pierre Rimbaud

Les plantes et leurs odeurs.

Mes souvenirs