Sigonce 04 Mes souvenirs

 

La fête du village.

Au mois de juin, la fête du village, pour la St Claude.

(En principe le 1er dimanche de juin, mais ça pouvait être le 2ème)

Elle se déroulait sur la place devant la Mairie. Je n'aurais pour rien au monde voulu rater cette fête synonyme d'animation où l'on pouvait voir les familles réunies au grand complet déambuler dans les rues. Pour l'occasion la population augmentait de manière significative le temps d'un week-end.

À mon plus jeune âge le manège avec ses chevaux de bois et autres petites voitures avait ma préférence. Les forains étaient toujours les mêmes tout comme nous en tant que clients. Si nous voulions le tour gratuit il fallait, en tirant dessus, attraper le pompon qui flottait au dessus de nos tête et le garder.

 

Les forains voyaient bien que quelquefois on essayait de resquiller, déjà à notre âge !!!

Ils savaient faire le geste commercial en fermant les yeux, mais à notre avis ils ne les gardaient pas assez souvent fermés !

 

Leur manège ferait pâle figure en comparaison de ceux que l'on voit aujourd'hui. À mon époque cela nous suffisait, les lumières, la musique et la vitesse faisaient le reste en nous transportant dans le rêve.

Ce sont les seuls forains qui ont marqué ma mémoire, il faut dire qu'à cet âge-là j'étais plus intéressé par les manèges et la barbe à papa que par les stands de tir et autres.

Là il fallait faire preuve de dextérité pour attraper au bout d'une ligne des petites pochettes de papier journal renfermant des cadeaux. Les tout petits, bien souvent sur les conseils de leurs parents, essayaient avec leur canne de prendre le plus gros paquet mais le résultat ne dépendait pas de la taille et souvent à l'ouverture c'était un peu la déception.

 

Détails de l'attirail de pêche :

Le fil de pêche : plutôt de la ficelle ; le flotteur en liège : un bouchon de bouteille de vin avec l'alumette pour coincer le fil et enfin l'hameçon : un simple crochet en fil de fer, un genre de trombone !

Ainsi équipées les cannes à pêche, une simple tige de bois, auraient bien fait rigoler tous les poissons de la rivière.

 

Il y avait aussi les cornets surprises de couleurs différentes pour les filles ou les garçons. On n'avait qu'à choisir.

 

Plus tard, en prenant de l'âge...

Il débutait le samedi soir et se terminait le dimanche après-midi pour la grande finale. Beaucoup d'équipes jouant en triplette, du village et des environs s'engageaient. Les joueurs s'en allaient dans les différents quartiers pour faire leurs parties : quartier du Château, de la Petite et de la Grande Fontaine, …, ou bien sous les Marronniers.

Pour simplifier dans les lieux plats et évidemment bien éclairés que les autochtones connaissaient bien pour y jouer souvent.

 

Les gagnants et les perdants retournaient après avoir croisé le fer, au bar, pour donner leurs résultats et boire le verre de l'amitié. Le bar du village faisait recette ce jour-là. Il ne désemplissait pas et l'on y voyait des gens heureux qui se retrouvaient devant un verre qui plus est "un jour de fête" et dans une ambiance plus que joyeuse qui se terminée fort tard dans la nuit.

 

Il y avait aussi différents stands disséminés sur la place de la Mairie :

Le stand de tir avec ses innombrables lots : les traditionnelles peluches et bouteilles à gagner, avec ses élastiques à couper, ses cartons à trouer ou bien les ballons qu'il fallait faire éclater. Je m'y suis essayé et j'avais l'impression de voir les cibles bouger à croire qu'elles avaient peur de se faire trouer la peau. Résultat, je suis assez souvent rentré bredouille à l'inverse de mes copains.

Avec des boules de pétanque on devait casser des bouteilles en verre (dois-je préciser ? vides). On n'allait pas casser des pleines évidement. Nous visions et si nous cassions, pour la peine on nous donnait une bouteille pleine à la place qui une fois vidée pouvait être remise en jeu. Une sorte de mouvement perpétuel si ce n'est que plus l'heure avançait plus on avait les mains tremblantes...

 

Dans le même style le jeu de massacre avec des balles de tissus on devait faire tomber des pyramides de boites de conserves. Ces jeux assez simples attiraient tout de même pas mal de personnes.

Avec ses chichis, frites, gaufres, merguez, saucisses, sucreries etc. ... sans oublier la traditionnelle barbe à papa. La bonne odeur qui flottait dans les airs était la meilleure publicité de chaque stands.

 

Avec le temps de nombreux autres sont venus compléter les animations festives : les autos tamponneuses, le jeu de roulette, les jeux de force, les vitrines distributrices de lots etc. ...

Les forains devant toujours apporter des nouveautés pour capter l'attention de leurs nouveaux clients.

Qu'est-ce qu'une fête de village sans bal ? C'est comme une voiture sans moteur !

 

En fin d'après midi, après la mise en place des appareils et les différents branchements effectués, les techniciens mettaient en marche les amplis et les haut-parleurs commençaient à déverser la puissance. La vérification de tout l'appareillage débutait ainsi que pour l'éclairage qui lui aussi était très important. Il fallait que tout soit en état de fonctionner pour le spectacle. Le village étant entouré de collines, l'on pouvait entendre la sono jusque loin dans les environs.

 

Le soir vers 21 heures la machine était lancée.

C'est d'ailleurs à ce moment-là qu'il y avait le plus de monde sur la place. Je me débrouillais pour ne pas être de corvée de vaisselle et je me dépêchais d'aller rejoindre mes amis. La foule commençait à se diriger vers la piste qui se trouvait tout à côté de la Mairie. L'orchestre y distillait ses chansons et ses musiques pour le plus grand plaisir de tous : des petits, des grands et des plus grands.

 

Il ne nous fallait pas plus de deux ou trois chansons pour savoir si l'orchestre était bon. À notre âge nous étions assez exigeants mais il en fallait pour tous les goûts comme l'on dit. Sur la piste on voyait des couples se former et tournoyer suivant la musique interprétée. Celle-ci se répandait dans l'espace et il était impossible pour quiconque d'espérer pouvoir s'endormir cette nuit-là dans le calme et la quiétude, c'est pour cela que le lendemain les volets avaient tendance à ne se réouvrir qu'à des heures inhabituelles.

 

Avec le temps l'adolescence pointait son nez, le cercle d'amis et d'amies s'élargissait au fur et à mesure que nous grandissions. La musique favorisant les rapprochements certains ont eu lieu durant ces fêtes de village. Je ne vous parlerai pas ici de mes petites amies, cela fait partie de nos souvenirs réciproques, je vous dirai simplement que celles-ci ont compté pour moi et que par la pensée je ne les oublie pas.

Qu'est ce que la St Claude s'il n'y avait pas eu le Jazz-Band de Manosque, dirigé par M. Angelvin, pour terminer la fête ?

 

Le dimanche après-midi, avec la finale aux boules, c'était l'animation la plus attendue et appréciée. Les majorettes, leurs baguettes et leurs costumes, et les musiciens, leurs instruments et leurs partitions, défilaient à travers le village. Nous, nous étions derrière à les suivre dans la joie et la bonne humeur. Dans les rues, sur le pas de leur porte ou à leur fenêtre les gens applaudissaient les acteurs de la parade.

 

Lorsque le cortège se retrouvait à son point de départ, sur la place du village, il était temps pour moi de quitter avec tristesse "la salle de spectacle".

Avec mes parents nous allions bientôt repartir pour Marseille et je pensais déjà à celle de l'année suivante.

 

... // ...

 

Jean-Pierre Rimbaud

La fête du village.

Mes souvenirs