L'utile mécanique.
Le garage Espinelly :
"La Forge"
Bien après la guerre, et surtout du temps de la mine, à part les bars, le centre du village c'était le garage Espinelly qu'on appelait plus communément "La Forge". C'était le lieu de rencontre, de convivialité, des discussions de tout et de rien, parfois jusqu'à des heures fort tardives, car il y avait ceux qui revenaient après souper comme on disait, le garage assurant très souvent jusqu'à minuit.
Les frères Espinelly : Julien et Victor avaient plusieurs métiers et plusieurs cordes à leur arc : mécanique générale, ferrage de chevaux, ferronniers, remonteurs d'horloge communale, entretien de l'éclairage public, de la station de pompage, de la station d'épuration, des chasses automatiques sur le réseau d'eau, vente de matériel neuf, etc. etc.
On revoit par la pensée Julien Espinelly, ses minuscules bésicles au bout du nez, réparant aussi bien une voiture qu'une montre, qu'un fusil ou un poste radio et son frère Victor tapant de bon matin sur la grosse enclume avec un énorme marteau pour façonner les fers des chevaux, ces derniers attendant leur tour, parfois depuis six heures du matin.
Julien avait de gros doigts, mais c'était des doigts de fées, car il savait tout faire.
De l'intelligence jusqu'au bout des ongles !
Les frères Julien et Victor Espinelly en tenue de travail devant "La Forge".
Julien et Victor Espinelly furent aussi acteurs, dans l'un des courts métrages de Jacques Doillon :
L'AN 01 (année de production 1972) dont certaines scènes furent tournées devant et dans le garage même.
"La Forge" n'était pas seulement un lieu de travail, mais c'était tout une institution !
Jacques Doillon et Jane Birkin avaient acquis une maison à Sigonce : "La Barboche".
Ce jeune metteur en scène, à l'époque, avait réussi à convaincre les deux frères de jouer leur propre rôle dans leur atelier même. À cette époque il n'était pas rare de voir passer dans les rues du village : Christian Barbier, Alain Souchon, Michel Piccoli, et bien d'autres artistes qui se rendaient à "La Barboche" chez Jane Birkin et Jacques Doillon.
"Taxi"
Allô ! Ici le 3 ! : c'était la voix grave de Julien que l'on entendait lorsqu'il décrochait.
Très souvent cet appel provenait de Forcalquier ou de La Brillanne, car les frères Espinelly faisaient aussi Taxi, ce qui était très pratique à l'époque où les voitures étaient encore rares au village.
Une des voitures-taxi essayée ce jour là par Victor Espinelly et Moïse Sube.
Moyens de transport pour se rendre au marché :
Les moyens de locomotion étant si rares en cette période d'après guerre, qu'un car venait de Forcalquier le lundi matin à 8h00 sur la place de la Mairie pour prendre les voyageurs qui voulaient se rendre au marché de Forcalquier, pour en revenir vers 12h30. Les billets étaient donnés au café Rose Sube (actuellement Mme Héléna Ruegg).
Durant de longues années ce furent les cars de M. Aimé Roubaud qui assurèrent cette fonction,
puis par M. Félix Carbonel,
et enfin M. Modeste Marin.
Lorsque les cirques Pinder ou Bouglione se produisaient à Forcalquier, il y avait une venue spéciale du car à 20h00, le soir de la représentation.
Quelle cohue et quelles bousculades pour avoir une place en ces rares occasions de sorties "extra" à cette époque !!!
Cette commodité du lundi a disparu dans les années 1980.
Garage suite ...
Après la cessation d’activité des frères Espinelly le 1er juin 1978, le garage "La Forge" est resté fermé assez longtemps.
Vers la mi-83. M. Max Lèbre demeurant à Forcalquier tente une réouverture dans notre village.
Hélas l’expérience n’a duré que quelques mois.
En avril 1984. M. Victor Discazaux aidé de son fils Patrick ouvre un nouveau garage dans l’ancienne remise Anaïs Alpin à 10 mètres de l’ancien.
Carte de visite Carrosserie Discazaux.
Les Sigonciers et les gens des alentours sont très heureux et satisfaits car tout y était proposé :
mécanique générale; carrosserie avec peinture en cabine; marbre universel; dépannage à l’extérieur; remorquage...
Devant le garage Victor Discazaux une voiture accidentée attend de passer au marbre puis sera remise à neuf dans la foulée.
Marque Renault, modèle R20.
Au bout d’un certain temps Patrick quitte le cycle familial pour rentrer à Ford Manosque afin d’y exercer son métier de carrossier où il exerce toujours. Victor Discazaux gardera le garage environ 10 ans puis se reconvertira tout d’abord à Vinon sur Verdon comme soudeur puis rentrera à Peugeot Manosque comme carrossier, métier qu’il pratiquera jusqu’à l’âge de la retraite qui était bien méritée.
L’ancien garage Victor Discazaux est devenu par la suite une maison d’habitation occupée depuis par sa fille Dominique et son gendre Alex Serrano.
Émile Portigliatti
L'utile mécanique.
sigonce_002_05d.pdf : 480ko version 04 _ 19/03/2023 Pourquoi un fichier PDF ?