Distractions et festivités.
Une troupe théâtrale :
Durant la dernière guerre de 1939-1945, une troupe théâtrale a vu le jour à Sigonce, à l’initiative et sous la direction de M. Alfred Piozin, chef comptable à la mine.
Les acteurs bénévoles étaient nombreux car c'était pour la bonne cause. Ils avaient décidé de jouer des pièces à Sigonce et dans les villages voisins tels que Lurs, Cruis… , et l’argent récolté était remis à une association départementale telle que La Croix-Rouge, ou le Secours National qui envoyaient des colis aux prisonniers de guerre.
Dans les années 40, tous ces acteurs se retrouvaient chez Suzanne Piozin pour répéter et pour boire un bon café chaud d’orge, mélangé à du café quand il y en avait.
Deux pièces de Georges Courteline étaient au programme : Les Boulingrin et la Paix chez Soi. Le spectacle se terminait toujours par un tour de chant avec les chansons de l’époque : le complet gris, la romance de maître Patelin et le temps des cerises.
Nous citerons quelques acteurs
: Léopold Sube, Rose Espinelly, Marcelle Piche, Jeannette Ughetto,
Georgette Espinelly, Francis Mansoura, Paul Robin, Inès Ghigo, Elise Blanc,
Alberte Sube, Suzanne Piozin, Évelyne Ghigo, Julien Espinelly, Alfred
Piozin, Robert Théric, René Ughetto, et bien d’autres encore…
Julien Espinelly qui était le pince sans rire de service, annonçait :
"il
arrive, il est là, il est même un peu là, ce chanteur plein de charme,
c’est Francis Mansoura".
À Sigonce, les représentations étaient données à l’école. Malgré cette ambiance de
guerre, cet avenir incertain, ces acteurs bénévoles qui avaient le sens du devoir,
de la solidarité, avaient trouvé là un moyen simple, mais efficace pour, en même temps
: distraire les villageois qu’ils côtoyaient, et leur faire oublier leurs
soucis, l’espace de deux ou trois heures, et faire un geste, si modeste soit-il pour ces prisonniers qui voyaient
ainsi que l'on ne les oubliait pas.
Un groupe d’acteurs dans la cour de l’école de filles de Sigonce en superbe tenue.
De gauche à droite : Rose Espinelly, Marcelle Piche, Jeannette Ughetto, Georgette
Espinelly, Inès Ghigo, Léopold Sube, Évelyne Ghigo, Suzanne Piozin, Alberte
Sube, et Élise Blanc.
Les
salles étaient combles :
Pendant la guerre, durant les années de 1942 à 1945 environ, il y avait, malgré les évènements,
des séances de cinéma au village.
M. Robert Blary (gendre de M. Faustin Thumin, huissier de justice à Forcalquier) qui était marin, a pris une autre direction professionnelle après le sabordage de la flotte à Toulon, le 27 novembre 1942. S’étant installé à Forcalquier, il devient projectionniste ambulant des films de l’époque. Possédant une jardinière à pneus (Bogué) puis plus tard une grosse Fiat grise, aux jantes rayons bois, il venait à Sigonce au café Alpin, une fois par semaine le mardi.
À sa cessation d’activité, c’est M. Paul Lauza qui venait également de Forcalquier qui a pris la suite au café Alpin le mardi.
Ensuite, durant de très longues années, ce sont M. Germain Champsaur de Peyruis qui venait au café Alpin et M. André Robert d’Oraison qui venait au café Alpin et au café Audibert qui animèrent ces après-midi ou ces soirées cinématographiques. Les salles étaient toujours combles.
Ensuite il n’y eut plus qu’un seul cinéma au café Alpin, la projection étant assurée par M. Marcel, Adrien Put de Peipin. Ce fut le dernier cinéma ambulant qui soit venu au village.
Après la guerre et durant de longues années, ce fut l'euphorie, les salles étaient combles !!!
En 1990, une association, loi 1901, voit le jour : c’est "Le Ciné-Club de Sigonce",
présidée par M. Gérard Dorléans.
C’est la F.O.L (Fédération des œuvres laïques)
qui fournit les films et le matériel de projection et ce, durant 5 ans environ. Les films sont projetés dans la salle de classe des grands.
Les projectionnistes qui se sont relayés à cette époque furent : Gérard Dorléans, Yves Garcia et Serge Garcia.
Une fois par mois un théâtre réputé venait au café Alpin : "La troupe Constant".
Des pièces de Molière, Racine, ainsi que des pièces comiques comme : Pitalugue y furent jouées.
Pour l'anecdote, un marcheur indépendant, M. Camille Cornet, venait à pieds, une semaine à l'avance pour coller les affiches de la représentation suivante, dans les communes où la troupe viendrait se produire. Il n'avait pas trop de difficultés de ce côté-là car il avait fait le Paris-Strasbourg à pieds et il était arrivé dans les six premiers.
Après la guerre, il y avait le bal tous les samedis et les dimanches au café Alpin.
Celui qui a animé le plus de soirées fut l'aveugle de Forcalquier : M. Clarisse Banon.
Deux jeunes gens partaient à vélo à Forcalquier pour aller le chercher. Au retour, l'un portait l'accordéon sur son dos et l'autre l'accordéoniste sur la selle pendant qu'il pédalait, assis en retrait sur la barre transversale. Plus tard, ils allèrent le chercher à moto.
Les trois autres accordéonistes qui jouèrent alternativement pour animer les soirées furent :
M. Élie Viel de Cruis.
M. Jean Escaillon dit Jeannot de la Brillanne, de surcroît chef de gare à la Brillanne à l'époque.
M. Pierre Mansoura de Sigonce qui se joignit à eux, à son retour d'Allemagne où il fut prisonnier de guerre.
Banon avec son accordéon, Viel et Mansoura avec leur accordéon piano animèrent très souvent ensemble ces folles soirées de l'après-guerre au café Alpin (aujourd'hui maison Sophie et Marc Carmona).
Dans les années 1947-1948, M. Robert Jaumard, bijoutier à Forcalquier, venait animer des soirées dansantes les lundis soirs de la St Claude par exemple ou pour d’autres occasions festives en cours d’année. Il arrivait avec sa traction noire, s’installait sous le balcon Tardieu, plaçait pick-up et ampli à l’intérieur de la traction et les hauts-parleurs sur le toit de la voiture. Il se définissait comme étant "l’orchestre invisible et infatigable", orchestre qui a amusé beaucoup de danseurs émérites qui ont évolué sur la piste ciment que des bénévoles refaisaient chaque année à l’occasion de la St Claude.
Cette piste se situait face à la remise Alpin (actuelle maison Alex Serrano) et la maison Tardieu.
Se tenaient, aussi au café Alpin, une fois par an les banquets :
Des mineurs, le 4 décembre pour la Ste Barbe.
Des anciens combattants, le 11 novembre.
Les fêtes patronales de la St Claude eurent toujours un grand succès et attiraient des centaines de personnes de la région et de nombreux forains habitués qui n'auraient pas manqué cette fête pour rien au monde.
En 1946, c'est l'orchestre de M. Pierre Monti, alors orchestre national qui a animé la St Claude.
De nombreux orchestres réputés de Monte-Carlo sont venus durant de nombreuses années pour la St Claude et de très bon orchestres tels que :
Le Mélodia-jazz de Sisteron,
Le Farri de Digne.
Le Rythme Vagabond de Forcalquier.
Le Stella-Jazz de St Michel l'Observatoire.
Et enfin Dino-Negro de Digne se sont retrouvés de nombreuses fois à Sigonce pendant les deux jours, voir trois jours de fête votive.
Le Rythme Vagabond où certains reconnaîtront : Mario Ansaldi à l'accordéon, Raphaël Olivo à la guitare, Frédo Biélak à la batterie, Francis Isnard à la contrebasse et Léo Roux à l'accordéon et au saxo. |
Le Stella-Jazz animé par : Jean Pardigon au piano, Jean Figuière au saxo, la talentueuse chanteuse Mady Olivo, Pierrot à la batterie, Marcel dit "Caille" à l'accordéon, Pierre Téchène à la trompette et Raphaël Olivo à la guitare. |
St Claude.
À gauche la vraie statue de St Claude, volée le 4 août 1972, et celle qui l'a remplacée.
M. Louis-Jean Ughetto, qui était gendarme à l'époque et dont sa famille était issue de Sigonce, avait refait cette statue et en avait fait don à la commune. Il avait la passion de la sculpture.
Émile Portigliatti
Distractions et festivités.
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