Sigonce 04 Nos souvenirs

 

Sigonce ... Curnier une figure locale ... 

 

curnier.jpg 1985.

Il était en effet quelqu'un de très connu dans la commune et dans les environs plus ou moins lointains. Paul comme l'appelaient presque tous à Sigonce était né le 15 juin 1901 au village voisin de Pierrerue (04300) où ses parents étaient agriculteurs. En 1901 ils décident de s'installer à St Maime (04300). Il a fréquenté l'école communale et n'a plus quitté ce village que pour faire son service militaire en 1921 au 15ème régiment des chasseurs alpins de Barcelonnette (04400), comme clairon.

 

En 1922 il est envoyé en Pologne où il y restera 1 an. Après son service militaire il rentre à la mine de St Maime. C'est en 1940, en pleine guerre qu'il rejoindra la mine de Sigonce car il ne supportait plus la poussière intense provoquée par les tirs de mine dans les galeries. Pendant près de 60 ans, comme ouvrier mineur ou retraité Paul est resté à Sigonce, ce village qui l'avait adopté et où il se sentait bien.

 

Durant sa période minière il fut un des premiers à être délégué mineur de 1945 à 1952, ce qui lui a permis de voyager en tant que représentant syndical : en 1946 à Montceau-les-mines (71300), en 1948 à St Etienne (42000) et en 1949 à Paris pour assister à des congrès.

Donc Paul qui est né en 1901 était une personne alerte, jamais malade (à la limite un petit rhume), qui était toujours par monts et par vaux : jardinage, chasse, boules et cartes quand il faisait un break ou qu'il faisait mauvais temps et de temps à autre servait au bar d'Élise Audibert quand il y avait beaucoup de monde au comptoir et dans la salle. Pour les cartes c'était la quadrette, la belote à l'ancienne ou la contrée, le rami … Les années passant Paul s'est petit à petit affaibli (sur le tard) !!!

 

Il accepte finalement de rentrer à la maison de retraite de Mane (04300) où je suis allé lui rendre visite quelques fois. Loin de son village il était triste, n'était pas à l'aise, se sentant presque prisonnier tant il avait été libre et très actif tout au long de sa vie. Il le disait et ça faisait peine à entendre. Il voulait à tout prix tenir bon et arriver à l'année 2000. C'était une obsession chez lui !!!

 

Il est décédé le 8 février 2000 à l'âge de 99 ans (quasi centenaire). On avait plaisir à le rencontrer et à l'entendre parler. Il expliquait toujours quelque chose en agitant les bras ou les mains pour matérialiser la chose en question. Quand il jouait aux cartes il faisait presque un demi tour sur sa chaise quand ça n'allait pas comme il voulait. Il ne se gênait pas pour faire des réflexions à son co-équipier lorsqu'il faisait une faute "inadmissible" disait-il, ça c'était Paul !!!

Comme il avait une grande passion pour les chevaux et qu'il se levait de très bonne heure on l'appelait : "le maquignon" ou "bon matin" et en toutes occasions accompagné de
cette fameuse pipe qu'il ne quittait presque jamais !!!


curnier_2.jpg

En plus de ses autres occupations M. Paul Curnier était aussi un peu paysan.

Ici à l’âge d’environ 40 ans à la campagne de Pré Giraud où il allait de temps en temps "donner un coup de main".


De temps à autre il achetait un ou plusieurs chevaux mais les revendait peu après. Il allait plusieurs fois par jour à l'écurie de "La Bambou" (actuelle maison Fabrice Maillet) où il hébergeait ses précieux chevaux. Il amenait des clients pour les leur revendre le plus cher possible ou pour payer une misère ceux qu'il achetait.
C'était le moment des grandes négociations et tout çà se réglait en douce.

Ce qui était le plus marquant c'était lorsque les 2 compères se retrouvaient : lui et Pierrot Dominique. Ils avaient des tas de choses à se dire !!! Ils s'installaient en coin de bar un peu en aparté et se racontaient on ne sait quoi presque en catimini … peut-être leur jeunesse, peut-être leur vie ??? Que de gestes et de rires pendant près de 2 heures et tout çà en provençal SVP !!! Ainsi si certains entendaient ou écoutaient discrètement ils y avaient des chances de ne rien comprendre. Ils étaient malins ces deux là.

 

Il a fait partie de ces gens qui ont vécu longtemps, qui se sont fait vieux malgré les restrictions et les souffrances de la guerre mais qui finalement ont eu une vie saine durant cette longue période de hauts et de bas.

L'air est sûrement très sain dans notre village car de nombreuses personnes y résidant ont dépassé très souvent les 90 ans et d'autres aussi qui ont frôlé ou atteint les 100 ans telles Mme Angèle Ghigo (100 ans), Mme Esther Portigliatti (98 ans), Mme Antonia Sube (96 ans) et sûrement bien d'autres encore …

 

Qu'il fait bon vivre à Sigonce ! 

Anecdote : comme nous l'avons précédemment écrit M. Paul Curnier était un passionné de chevaux. Une fois il en avait quelques uns dans son écurie de "La Bambou" qui attendaient leur prochain acquéreur. Cet hiver là il avait fait si froid que 3 chevaux sont morts dans la nuit. Paul était décontenancé. Son gros soucis : comment les sortir de là ? Comment et où les enterrer ? La solution fut vite trouvée. À cette période, une entreprise mandatée par la mairie procédait à l'extension du réseau d'eau et d'égout le long de la route direction Lurs jusqu'au Plus Bas Moulin. En accord avec le chef de chantier un énorme trou a été creusé à proximité quartier des Routes avec la grosse pelle qui était sur place. Aux grands maux les gros remèdes !

C'est Francis Pardigon, à l'aide de son tracteur et sa longue charrette qui a procédé au transport des 3 cadavres qui ont été enterrés dans cette fosse commune. Bien qu'ayant perdu pas mal d'argent c'était un gros soucis de moins et un soulagement pour Paul.
Quelle aventure !!!

 

Émile Portigliatti

Curnier une figure locale …

 Nos souvenirs

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