Sigonce ... Le pont en pierre.
Triste anniversaire, il y a 44 ans, la crue du torrent de Barlière avait emporté le gros pont de pierre à la sortie du village.
Alors que nous avons bien entamé l'automne, et que la période des pluies semble s'installer, nous pensons à ce qui s'était passé dans la nuit du 6 octobre 1960.
Un orage sans précédent s'était abattu sur la région, et des pluies diluviennes avaient fait de gros dégâts.
Cette nuit là : éclairs et tonnerres fracassants se succédaient à une vitesse incroyable, donnant une image apocalyptique de ce qui était entrain de se passer. Le gros pont en pierre qui se trouvait à la sortie du village, direction Forcalquier, et qui enjambait Barlière a été emporté comme un fétu de paille par un torrent impétueux qui ramassait tout sur son passage.
C'est le 15 février 1850, que le maire de l'époque expose au conseil municipal, la nécessité indispensable du pont à construire sur le torrent de Barlière et propose la vente de parcelles que possède la commune pour payer l'ouvrage.
Ce qu'il restait de l'ancien pont après le passage de la crue du 6 octobre 1960.
Ce pont faisait pourtant partie des ouvrages solides, faits dans les normes de construction de la voirie par du personnel compétent et habilité. Les éléments qui se sont déchaînés avec une fulgurante rapidité ont eu vite raison de l'ouvrage qui paraissait avoir une résistance à toute épreuve.
La campagne environnante avait subi les mêmes assauts.
Le bas du village, quartier des anciennes cités de la mine était noyé. Certains habitants, effrayés par l'ampleur du désastre étaient montés sur le toit des maisons, tant la hauteur de l'eau était importante et impressionnante.
Tous les terrains du bas village, face à la mine étaient inondés sur une grande hauteur.
Le pont du Lauzon, direction Lurs, dont la hauteur de l'arche frôle les cinq mètres a menacé de s'écrouler car le bas de l'arche avait été sérieusement attaqué par les violents coups de boutoir du courant et les matériaux entraînés dans sa folle course bruyante et tourbillonnante. L'eau n'arrivait plus à passer sous le pont. Elle forçait pour passer sur la route.
Le passage au moulin de Monésargues était impossible car tout était inondé et l'eau revenait en amont car elle n'arrivait plus à passer dans l'entonnoir trop étroit "des Roques". Une partie du moulin du même nom qui appartenait à M. Émile Baudin, aujourd'hui à M. Aimé Masse, avait été emportée. C'est depuis cette époque que le moulin à farine a cessé de fonctionner à cause des gros dégâts occasionnés ; seul le moulin à huile a été sauvé et fonctionne toujours aujourd'hui.
À la mine, qui devait encore fonctionner trois mois avant la fermeture définitive, le camion qui transportait régulièrement le charbon dans les wagons SNCF, (Société Nationale des Chemins de Fer français), à la gare de Lurs a dû stopper ses rotations.
Suite à la catastrophe, la municipalité de M. Oblé Maurel, a décidé, en collaboration avec les ponts et chaussées de l'époque, de prendre des mesures d'urgence pour pallier au problème.
Dans un premier temps, un pont provisoire permettant un passage à gué a été construit sur le torrent de Barlière, à l'aide de grosses buses, ce qui permettait un passage de fortune aux véhicules qui se dirigeaient vers Forcalquier, évitant ainsi le détour par Lurs.
Par la suite, un pont digne de nom a été construit par l'entreprise Pascal de Guillestre, sous la direction d'un des maçons de l'entreprise que tous appelaient familièrement "Vin Blanc".
Depuis, le nouveau pont remplit bien ses fonctions, et nous espérons qu'il durera au moins 110 ans comme son prédécesseur.
Le nouveau pont.
Novembre 2004.
Émile Portigliatti
Le pont en pierre.
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