Sigonce 04 À découvrir

 

Sigonce ... Rétrospective sur notre vie paroissiale.


À la création du diocèse de Digne en 1790, il y avait 427 prêtres dans le diocèse. En 1841, le diocèse comptait encore 372 prêtres pour 300 paroisses. Si nous remontons quelques décennies en arrière, nous pouvons voir que notre paroisse a toujours, pendant très longtemps, eu le privilège d'avoir un curé à demeure dans le village.

En 1883, c'est Augustin Coullet qui prend en charge la paroisse, suivi peu de temps après par le curé Ribotta qui est ensuite transféré à Nibles à l'arrivée, en 1889, du curé Paul Anxionnaz à Sigonce, en provenance du Revest des Brousses. Ce curé devait laisser une empreinte marquante de son passage car il était une personne très cultivée, pleine d'initiatives et d'entrain… Il cultivait la langue provençale qu'il employait souvent dans ses nombreuses prédications. De grandes fêtes religieuses ont été organisées dans la paroisse pendant ce long ministère qui a duré 17 ans.

 

Au décès du père Paul Anxionnaz, qui avait été nommé doyen honoraire par Monseigneur Hazera, c'est un vicaire qui a assuré l'intérim jusqu'à la nomination du nouveau curé de Sigonce en 1911 : Ruppert Mayoly, qui était précédemment curé de Chanolles, Chavailles et Blégiers. Comme son prédécesseur, le curé doyen Paul Anxionnaz, ce prêtre a marqué, par son érudition, son passage dans la paroisse.

 

Le curé Ruppert Mayoly qui n'a jamais prêché qu'en provençal était l'auteur de divers cantiques provençaux, de la traduction provençale des Epîtres dominicales (Lou Gaou 1908-1909), co-auteur avec son illustre confrère Dom Savié de Fourvières du "Picho Tresor" ou dictionnaire manuel provençal-français et français-provençal. Il préparait deux ouvrages d'histoire locale dont quelques fragments ont paru dans l'écho paroissial de Lurs et de Chanolles. Hélas, il mourut en 1916 et ne put achever son œuvre.

 

En 1917, l'abbé Urbain Silve, en provenance de Couloubroux, est nommé curé de Sigonce.

 

En 1919 arrive le curé Rabon Joseph Vital qui sera le dernier curé en résidence à Sigonce. Il y restera jusqu'en 1937, soit 18 ans. Il a dû quitter Sigonce car le presbytère qui se trouvait à l'actuelle maison Dalle, a été vendu à Mme Marthe Blanc qui en a fait, par la suite, une épicerie et une maison d'habitation attenante. À l'époque où les transfusions sanguines n'étaient pas coutume, le sergent Rabon Joseph Vital avait été décoré durant son service militaire de la médaille d'argent du dévouement avec la citation suivante : "par décision ministérielle du 14 octobre 1918, la médaille d'argent du dévouement a été décernée au sergent Rabon Joseph Vital. Motif : s'est prêté volontairement à la transfusion du sang pour sauver un de ses camarades".


C'est ensuite le curé Urbain Vidal, curé de Fontienne qui prendra notre paroisse sous sa coupe et qui viendra assurer le bon déroulement des cérémonies. Il fut aussi une figure qui a marqué son temps.
Le curé Vidal venait dire la messe tous les dimanches à 11h00 à Sigonce. De 10h30 à 11h00, il faisait un peu de catéchisme aux enfants, sur la place de l'église, et à 11h00 tous rentraient en rang, par deux, en chantant un cantique. Notre curé était avant tout un artiste car il était un sculpteur et tourneur sur bois émérite et avait des connaissances très poussées en mécanique. Il avait lui-même fait un moteur qu'il utilisait quotidiennement. De surcroît, il était d'une intelligence remarquable. Au cours de son prêche ou du sermon comme on disait à l'époque, il parlait un peu de religion, mais ne pouvait pas s'empêcher de parler de sa vie de tous les jours : de ses abeilles, du peu de miel qu'elles avaient fourni cette année, de ses pommiers, de ses cerisiers, dont la récolte laissait à désirer…

Sa quête du dimanche matin n'était pas très grosse mais il s'arrêtait tout de même, à la sortie de la messe à la boulangerie de M. Léopold Sube pour acheter une grosse fougasse sucrée, sur plaque, qu'il pliait en quatre et qu'il fixait sur le porte-bagages de sa moto, une 147 Monet-Goyon, car notre bon curé venait dire la messe à moto depuis Fontienne, moto qui avait souvent du mal à démarrer correctement.
Sa fougasse attachée, notre curé remontait sa soutane, faisait un gros nœud sur le devant pour qu'elle tienne sur le réservoir, et les enfants du catéchisme se mettaient à quatre ou cinq pour pousser la moto.
Celle-ci arrivait à démarrer tant bien que mal, mais pas sans mal car les "pousseurs" étaient aussi des "reteneurs" qui grignotaient, durant leur bonne action, la belle fougasse de M. le curé qui n'en retrouvait plus que la moitié à son arrivée à Fontienne. Un certain dimanche, l'un d'eux, nommé Guy Bernier avait carrément emporté toute la fougasse qui aurait pût se détacher par inadvertance.

À son décès, le village de Fontienne n'a plus eu de curé à demeure, et Sigonce a été rattaché à Forcalquier. C'est le curé de Forcalquier, Auguste Teissier qui est venu assurer le service dans notre paroisse durant de longues années.

Avant le prêche, il sortait sa montre gousset et la posait devant lui sur un banc.

 

Ce fut ensuite le père Jean Savornin, à la voix de baryton, qui excellait dans les chants et les prédications, puis par ordre :

Durant très longtemps, les messes étaient assurées tous les dimanches à 11h00, puis deux fois par mois à 9h00, puis une fois le deuxième dimanche de chaque mois à 9h00, et aujourd'hui enfin, la messe est rare à Sigonce.

La messe des communautés est prévue le dimanche 10 avril 2005 à 10h30, dans notre paroisse.

Nous devons préciser que notre paroisse a été privilégiée durant une dizaine d'années, de 1950 à 1960 environ. Grâce au séminariste de l'époque : André Bernard, qui était originaire de l'Escale, les missionnaires du séminaire universitaire de Lyon, dont beaucoup étaient des étudiants en théologie, avaient porté leur dévolu sur Sigonce et sont venus régulièrement assurer les cérémonies de la semaine sainte.

Ils venaient à huit ou dix, toujours encadrés, soit par le père Biot, père dominicain, professeur en théologie, soit par le père Gelin, directeur du séminaire universitaire de Lyon, ou le père Soulcié. Ils étaient chaleureusement accueillis et logés chez l'habitant.

 

Nous avions à Sigonce une semaine Sainte digne d'une grande paroisse de ville, et même plus.

Quelle affluence à ces cérémonies !!!

L'église était toujours pleine. Pendant la journée, tous ces étudiants ou diacres, dont chacun avait une spécialité, s'occupaient des enfants qui étaient très nombreux. Ces enfants passaient vraiment huit jours de vacances non stop : jeux sur la place de l'église, chants de scouts, balades et jeux multiples en colline, bandes dessinées de Tintin et Milou projetées sur toile, tous les jours pendant de longs moments, enfin le rêve à cette époque !!!

Certains de ces animateurs s'appelaient :

L'ambiance était conviviale, les relations amicales et franches, et la vie bon enfant et, en même temps sérieuse durant le déroulement de ces cérémonies de la semaine Sainte. Lorsqu'ils quittaient la commune pour regagner Lyon, les enfants pleuraient et les adultes étaient tristes.

Durant cette période d'après guerre, notre église avait ses catéchistes, ses femmes d'entretien, ou ses personnes qui faisaient visiter ce magnifique monument.

Aujourd'hui, les bénévoles ou disponibles sont rares et les quelques touristes qui gravitent autour de l'église se contentent de la photographier de l'extérieur, emportant tout de même un beau souvenir de leur passage à Sigonce.

 

L'église peut néanmoins être visitée durant la saison estivale en juillet et en août, tous les dimanches après-midi de 17h00 à 19h00 et ce en plus jusqu'aux journées du Patrimoine (3ème week-end de septembre).

 

Émile Portigliatti

Rétrospective sur notre vie paroissiale.

 

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