Sigonce ... Notre ancien clocher.
Le clocher peigne-arcade en MCDLIII.
Après un long travail de recherche dans les archives de Digne-les-Bains (04) sur des événements passés concernant la commune, il a été découvert que ce ne sont pas deux cloches qui figuraient à l'origine dans le clocher peigne-arcade surmontant la toiture polylobée en lauzes de pays de notre belle église, mais trois !
Dans ces documents anciens (référencés 04206), relatifs à l'histoire du village, nous avons découvert qu'au niveau de la période moyenâgeuse (entre la disparition de l'Empire romain en Occident [476] et la chute de Constantinople [1453]), ce qui a été annoncé plus haut.
La présence de trois cloches dans le clocher.
L'on peut d'ailleurs s'en rendre compte en observant cette photographie d'époque parfaitement conservée.
Elle apporte ainsi un témoignage sur la composition du clocher de notre église à cette période de l'histoire.
Sur le manuscrit associé on peut y lire, entre autre, une partie intéressant l'histoire de ces trois cloches.
En l'an de grâce MCDLIII (1453) celles-ci à la période de Pâques, comme à leur habitude lors de la semaine sainte, s'en sont allées à Rome pour assister à la réunion des dites cloches et ainsi représenter notre communauté pour la bénédiction papale.
(À l'époque Nicolas V, "Nicolaus quintus (1447-1455)").
Elles devaient rapporter sa protection sur notre village et aussi ramener aux petits et aux grands :
friandises ; viennoiseries ; cloches et œufs en chocolat tant attendus pour l'occasion.
Nous constatons qu'au cours du temps cette action c'est pérennisée !
En continuant la lecture l'on découvre qu'elles ne sont jamais revenues reprendre leur place en haut du clocher.
Où sont passées nos trois cloches ?
Depuis tout ce temps plusieurs hypothèses sont à envisager pour leur non retour :
Guet-apens, nombreux à cette époque.
Elles étaient alors fondues pour faire des canons ou divers objets de métal.
La guerre de "Cent Ans" (1337-1453) venant de s'achever, il fallait reconstituer les stocks.
Les matières premières se faisant plus rares, il fallait recycler !
Le royaume de France venait d'instituer une économie de guerre et pour l'occasion de nombreuses casses et déchèteries furent ainsi créées et mises à contribution en faisant du tri un enjeu stratégique toujours en application aujourd'hui.
Perte de l'orientation.
Les cloches n'étaient pas équipées de boussole, non prévue sur ces modèles, cet accessoire était un équipement facultatif à l'époque.
Ni de balises Argos, instrument de navigation destiné à signaler une position (fixe ou mobile), cette option était inconnue en ce temps là.
De plus au XVème siècle pas de "Cartes Michelin" ni de "Google Maps" !
Malgré cela elles n'hésitaient pas à se déplacer, certainement influencées par l'expression proverbiale encore utilisée de nos jours :
"Tous les chemins mènent à Rome"
Les couloirs aériens étaient mal organisés avec obligation de naviguer à vue.
Les tours de guet n'étaient pas prévues pour contrôler et gérer ce trafic.
Des centaines de lieues de ralentissements à l'approche des grandes agglomérations.
Leurs voyages durant tout ces déplacements devaient être épuisants.
S'il avait existé "Bison Futé" aurait pu les classer en rouge !
(Célèbre influenceur du XXème siècle auteur de nombreuses prévisions sur les encombrements routiers).
Toutes ces gênes les ont peut-être conduites à se sédentariser sur le chemin du retour ?
etc. ...
Suite à ces suppositions énoncées, nous nous trouvons aujourd'hui devant une énigme qui n'a et ne sera peut-être jamais résolue.
Que sont elles devenues ?
Il est possible que cette "Grande Perte Sentimentale" pour nos trois cloches a été le prélude à la mise en place du GPS ?
(Global Positioning System, système de navigation et de localisation par satellites).
Dans ces mêmes archives on peut y lire que plusieurs siècles après, grâce à la solidarité pécuniaire de ses habitants, les villageois, perdant patience sur le retour hypothétique de leurs trois cloches, firent modifier le clocher pour n'en mettre plus que deux et de taille différente.
En 1845 installation d'une petite et en 1894 mise en place d'une plus grosse.
Redoutant à nouveau des idées de voyage sans retour et comme l'on dit aussi "chat échaudé craint l'eau froide", ils conclurent avec ces dernières un pacte.
Elles s'engagent à rester toujours présentes dans le clocher en échange de l'entretien et de la mise en valeur de l'église.
Depuis l'instauration de "ce fameux pacte" de nombreux travaux sur le clocher et notre église ont été réalisés, parmi les plus récents :
La réfection de la toiture côté Nord, inaugurée le 20 novembre 2013.
La réfection de la toiture côté Sud, inaugurée le 17 juin 2020.
Jusqu'à présent cela nous a permis de leur faire oublier de déserter leur clocher.
C'est pour cela que si vous venez visiter notre village et notre église à l'occasion de la fête de Pâques, ne soyez pas étonné de voir nos deux cloches en place à la différence de ce qui se pratique dans les communes environnantes.
Pour la circonstance elles remplissent alors leur fonction de protection sur la commune en utilisant les nombreuses techniques employées aujourd'hui qui leur permettent d'assister en visioconférence à la réunion des dites cloches et ainsi pouvoir recevoir la bénédiction papale en distanciel.
Nos deux cloches sont ainsi connectées !
En outre elles ont été équipées de balises GPS pouvant nous permettre de les détecter et de suivre leurs déplacements éventuels.
En ce qui concerne "la protection de la vie privée" aucune caméra n'a été mise en place et la possibilité de commande à distance n'a pas été retenue.
Le clocher peigne-arcade en 2007.
...///...
Avant de terminer la narration sur ces divers événements passés...
Nous n'avons pas oublié de remercier M. le Conservateur des archives départementales de Digne-les-Bains de nous avoir permis d'améliorer nos connaissances sur notre patrimoine culturel et historique, de plus nous l'avons assuré de le tenir au courant pour des faits nouveaux à propos du clocher de l'église de la commune afin de maintenir à jour ces documents que nous considérons si précieux.
...///...
Post-scriptum.
Dans notre midi tout est souvent prétexte à galéjade et pour ce jour du premier avril cette histoire n'échappe pas à la règle ...
de la bonne humeur !
Je vous précise enfin que nos deux cloches ne sont liées à aucun serment, et qu'elles sont libres d'aller à Rome ...
si elles le désirent !!
Mais je doute qu’elles décident à le faire, le village étant si attachant qu’elles ne pourraient ...
se défaire de ce lien !!!
...///...
Jean-Pierre Rimbaud
Notre ancien clocher.
sigonce_005_03s.pdf : 165ko version 19 _ 07/02/2024 Pourquoi un fichier PDF ?