Sigonce ... L'église St Claude ... Joyau de notre patrimoine.
L'église, orientée Ouest-Est, bâtie un peu à l’écart du
village, fut, semble-t-il érigée entre les XIVème et XVIème siècle.
Une observation plus sérieuse nous permet de découvrir un cul de four (voûte formée d'une 1/2 coupole) qui peut nous laisser penser qu'elle serait encore plus ancienne.
Elle est recouverte d’une toiture polylobée en lauzes de pays, dalles de pierres reposant sur la voûte et en épousant les formes. À son clocher peigne-arcade, sont suspendues deux cloches datant de 1845 pour la petite et 1894 pour la grosse.
Le magnifique toit polylobé de notre église.
La bâtisse a subi des surcharges au cours des ans.
Son architecture ogivale paraît dénoter un apport templier. En France, toutes les cathédrales, églises et abbatiales de quelque importance, ont été édifiées entre l’an mil et l’an 1300. Les constructions romanes sont uniquement dues aux bénédictins, et le gothique fait son apparition avec l’ordre du Temple.
Les ans ont glissé sur la façade élargie par deux contreforts, sans lui ôter son aspect de prieuré campagnard.
Elle est pittoresque pour le visiteur, mais choquante pour l’amateur d’art averti qui aimerait retrouver dans l’édifice le cachet d’un style formel.
Dès le premier coup d’œil, on devine l’adaptation de la maçonnerie aux besoins de la cause. Les plans de la construction chrétienne ont été "pensés" pour surcharger un édifice païen duquel existe encore quelques éléments encore bien conservés.
Deux portes donnent accès à l’église :
L’une, située au Sud est condamnée depuis très longtemps,
L’autre, à l’Ouest est l’entrée principale.
Cette dernière de style Louis XV fut offerte par un bienfaiteur anonyme en 1890 et bénie le 28 décembre de la même année.
Au sujet de cette porte, dans bon nombre de livres ou textes écrits par des personnes étrangères au village qui ont parlé de Sigonce, on peut lire que la dite porte a été complètement détruite à coups de hache par une vieille folle à une certaine époque et qu’elle a été refaite.
Cette affirmation est complètement fausse !
La porte a reçu un seul coup de hache donné par la personne précitée, ce qui l’a endommagée sur 10cm environ.
La porte n’a jamais été refaite !
À l’initiative de M. Jean Coulomb, directeur de la mine à ce moment là, elle a été rapidement et habilement réparée par M. Robert Bidart qui était ouvrier à l’atelier de la mine et qui savait se servir adroitement de ses mains pour façonner le bois ou le fer.
(Je me souviens parfaitement de l’incident car j’étais encore sur les bancs de la communale à l’époque.)
Sur le contrefort extérieur Sud-Ouest, à droite de l’entrée, on peut distinguer une étoile à cinq branches, très apparente. Un rébus a été tracé sur quatre pierres étagées, aux symboles hermétiques dont le message mériterait peut-être une étude approfondie ?
Si nous rentrons dans l’église :
Nous remarquons que le roman et le gothique s’allient parfaitement, baignés par la douce clarté des baies vitrées et peintes, auxquelles il est impossible de décerner le titre des vitraux. Elle est entièrement voûtée, sur croisée d’ogives. Les colonnes déploient leurs nervures hors de la présence de tout chapiteau.
Un seul bas-côté, au Nord, à gauche en rentrant. Des vestiges de peintures à fresques apparaissent çà et là, masqués sous un enduit récent.
Chaque bras du transept est orné d’un autel :
à gauche dédié à St Joseph et à la Sainte Famille,
à droite à la Vierge.
À l’entrée, à gauche, les fonts baptismaux sont décorés d’un tableau représentant le baptême de Jésus par Jean-Baptiste.
Au fond du chœur, un imposant tableau représente l’Assomption, en partie masqué par le clocheton néo-gothique du maître autel mis en place en 1865 et seulement consacré le 21 décembre 1913.
Ce jour là, le révérendissime prélat de Frigolet, Dom Godefroid Madeleine, prédicateur de la retraite pastorale a daigné honorer notre paroisse de sa visite et en laisser le souvenir impérissable par la consécration du maître autel, tout de marbre blanc, dédié aux saints martyrs Marc et Prime.
Après près de 50 ans, elle lui a été enfin conférée avec le concours de MM. le doyen honoraire Simon de Lurs, Cler dit frère Mary Donat, missionnaire provençal et tertière Norbertien Beauchamp, curé de Valavoire et Ruppert Mayoly, curé de Sigonce.
L’imposante cérémonie s’est déroulée dans toute sa splendeur durant trois longues heures, au milieu d’une assistance recueillie qui remplissait l’église.
Dans le chœur, à droite, le siège de l’officiant, au dossier élevé, sur lequel apparaît un oiseau se transperçant le cœur pour nourrir ses petits, symbole du sacrifice suprême du Christ, et vue du chœur, la nef avec, au fond, la tribune, et, au dessus l’oculus, rosace bizarre "svastika", excentrée par rapport à l’axe des voûtes.
La chaire est toujours en place dans la première travée à droite de la nef.
Au cours de la visite nous retrouvons le buste de St Claude, patron de la paroisse, puis nous pouvons admirer les magnifiques vitraux signés André Pascal 1879 pour les uns et Bernard Pollet, maître-verrier.
Ces derniers ont été offert par M. Henri Vachon, en 1967, afin de remplacer ceux qui avaient été endommagés et qui étaient irrécupérables.
Dans la sacristie contiguë, au fond, à gauche du chœur, on peut remarquer le dallage de larges pierres, des boiseries anciennes en parfait état, et une fontaine récemment restaurée.
Notre belle
église, bâtie sur l’emplacement même d’un ancien cimetière, cache encore pas mal de mystères que seul le temps permettra peut-être d’élucider.
Il y avait paraît-il plusieurs chapelles sur notre commune :
St Pierre, St Claude, St Castor, Notre Dame du bon remède, Ste Marie.
Certaines ont disparu avec le temps.
Notre Dame du bon remède ou Notre Dame du bon secours ou Notre Dame des Clos.
Cette ancienne chapelle avec les murs de la nef et le chœur, voûtés en berceau brisé avec une seule baie daterait du XIIIème siècle. Elle appartenait autrefois à M. Léon Brémond qui demeurait rue du château (actuelle maison Keith Smith). Depuis longtemps elle appartient à M. André Chiapella. Vu sa vétusté elle a été transformée en bergerie. C'est une propriété privée non visitable.
Vierge médiévale polychrome, en bois, jadis dans la chapelle des Clos.
À une certaine époque elle fut transférée à l'église St Claude de Sigonce et volée dans cette même église le 22 février 1984.
Question
Est-ce que notre église St Claude porte son vrai nom d’origine, ou avait-elle un autre nom au départ ?
Cette dernière fut une des principales car des personnes célèbres ont été enterrées dans l’église :
Telles que des enfants de Gabrielle Bousquet et de Palmède de Valavoire :
Louis de Valavoire 8 mois, enterré en 1669,
Joseh de Valavoire mort à 38 ans en 1708, inhumé dans la tombe de ses prédécesseurs,
Lambert de Valavoire, abbé du diocèse de Lyon en 1723,
Marguerite de Forbin Janson, épouse de Pierre Auguste de Valavoire, fils de Gabrielle Bousquet, est ensevelie en 1720 dans l’église, dans la tombe des seigneurs de Valavoire.
Par
contre, Marguerite de Valavoire, dernière des descendants de Gabrielle du
Bousquet, meurt en 1784 au château de Bel-Air et a été ensevelie dans le cimetière de la paroisse,
ce qui signifie qu’entre 1723 et 1783, on n’enterre plus personne dans l’église paroissiale.
Nous ignorons si Jacques Gaffarel, bibliothécaire de Richelieu qui habitait au château a été enterré dans l’église ou dans le cimetière à sa mort en 1681 ?
L'église qui est une structure ancienne romane modifiée plus tardivement,
avec établissement des voûtes
gothiques, mériterait une étude plus approfondie de son origine car beaucoup de signes restent
encore mystérieux tels que ces symboles qui évoquent à la fois la Franc-maçonnerie
et Rose-croix
(grade dans la Franc-maçonnerie).
Au-dessus du pélican nous trouvons une croix celte.
La même scène de sacrifice est représentée sur la Sainte Table, et là encore plusieurs croix celtes entourent un cercle.
À Sigonce, c’est sans doute la cryptographie templière qui signe les deux piliers extérieurs de la porte Ouest et bien d’autres signes encore qui demeurent inexpliqués.
Notre magnifique église a été inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques le 29 mars 1967.
Sera-elle classée un jour ?
Merci à M. Henri Vachon qui a été un grand mécène pour notre église, à M. le colonel Xavier Braud qui a fait connaître ce joyau de notre patrimoine à travers ses livres et sans oublier toutes les personnes qui ont permis de la préserver au cours du temps.
Vue de l'église côté Sud.
Janvier 2005.
LA VIGNETTE
Article paru sur HPI du 26 novembre au 2 décembre 2021.
HauteProvenceInfos.com
De bien étranges plats d'église.
Parcourant les Annales départementales, je recueille cette information sous la signature de l'abbé Féraud, tirée d'une communication en 1869 de M. Lieutaud, conservateur de la bibliothèque de Marseille.
Cela concerne des plats très singuliers, en étain ou en laiton utilisés autre fois pour la quête dans les églises se Saint-Étienne-les-Orgues, Peyruis et Sigonce, notamment.
On nous dit qu'au fond de ces plats étaient gravés Adam et Ève tentés par le démon sous la forme du serpent enroulé autour de l'arbre de la connaissance. La tête du serpent tour née vers Ève ressemblait à une figure humaine portant une couronne.
Autour du motif gravé figurait en légende "Ramewiskbi" à quatre reprises.
Imaginant que c'était du russe, Lieutaud s'adressa à un ami russe qui consultat les archéologues de Saint-Pétersbourg, et apprit que ces plats avaient été fabriqués en Bohème au
XIVe siècle.
La légende écrite en tchèque se composait de trois mots attachés :
Ram=l'ennemi, Ewi=Eve, Skbi=a perdu.
Le sens pouvait donc être : "l'ennemi d'Ève a perdu le genre humain" ou (l'a perdue).
Quant à la présence de ces plats dans les églises locales, l'hypothèse retenue est que certains nobles avaient pu les avoir dans leur vaisselle et les offrir ensuite, puisque l'on sait que deux rois de Bohême Jean 1er et son fils Charles, résidèrent longtemps en Provence lorsqu'ils vinrent soutenir avec leurs armées, les Papes d'Avignon.
Si le musée Calvet en possède deux, plusieurs de ces plats ont été vus dans les Hautes-Alpes, ce qui conduit à penser que, bien qu'originaires de Bohêmes, ils ont été fabriqués ensuite en France au
XIVe et XVe siècles, d'autant que le texte de la légende varie dans sa graphie, sans doute en raison de la négligence des ouvriers.
Jean PANTAILLE
Ce texte donne quelques explications sur les origines des plats de quête ecclésiastiques, dont celui de Sigonce.
On s’est toujours posé la question "Pourquoi des mots en caractères cyrilliques ?".
Le plat de quête de l'église.
Adam et Ève croquant la pomme.
Au Pays de Forcalquier, Sigonce un village de Haute-Provence, photo Xavier Braud.
Ce plateau de quête en laiton (alliage de cuivre et zinc), de 41cm de diamètre est resté des décennies dans l'église du village.
Par contre nul ne sait comment il y est arrivé.
Un prêtre de Forcalquier qui desservait la paroisse de Sigonce à une certaine époque
a vu la valeur historique de ce plateau et a décidé de ne pas le laisser à la portée d'éventuels voleurs
sévissant dans notre région (vol de la statue de Notre Dame du bon remède
dans l'église le 22/02/1984 et vol de la statue originale de St Claude le 04/08/1972 dans sa
niche à l'angle de la propriété Moliné non loin de l'église).
De ce fait, le plateau de quête à été tout d'abord sûrement remis à l'évêché puis au musée de Digne-les-Bains qui l'a restitué il y a quelques temps à la commune de Sigonce.
Il est maintenant à la mairie en sécurité et c'est là que nous avons pu le revoir, le
photographier, le mesurer et le peser.
Il me rappelle de nombreux et bons souvenirs car à l'époque de Urbain Vidal,
curé de Fontienne qui desservait Sigonce, les enfants de chœur faisaient la quête avec ce magnifique plateau. J'étais de ceux là
! À l'âge de 11 ans il n'était pas facile de tenir ce plateau avec les 2 mains car il pesait
assez lourd et de plus avec la peur de le laisser tomber.
En fait d'une masse de 1802g.
Émile Portigliatti
L'église St Claude ... Joyau de notre patrimoine.
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