Les Amis de Sigonce ... 28a

Sigonce 04 ... Une magnifique crèche ...

Sigonce ... Les Amis de Sigonce ... La crèche et son sapin.

2023. Une magnifique crèche.

LES LETTRES DE MON MOULIN

Alphonse Daudet

Un homme est assis sur les marches de l’entrée du moulin de Fontvieille il regarde avec amusement toute une bande de lapins qui ont conquis les lieux. Ils pensent que la race des meuniers a disparu et trouvant la place bonne, ils en font quelque chose comme un quartier général un centre d’opérations stratégiques le moulin de Jemmapes des lapins, ils se chauffent les pattes à un rayon de lune.

Cet homme c’est Alphonse Daudet le poète, l’écrivain, l’auteur dramatique provençal ami de Frédéric Mistral.

Là sur le sentier qui monte vers le moulin une foule arrive vers lui, un pape sur sa mule, un meunier, un paysan avec sa chèvre, un berger, l’arlésienne, un gardien de phare, un douanier, le curé de Cucugnan, un sous-préfet, Don Balaguére, le Frère Gaucher et tant d’autres.

Ces personnages de contes lui ont inspiré son recueil les LETTRES DE MON MOULIN.

Ce livre raconte entre autre l’histoire de Blanquette la chèvre de Monsieur Seguin, elle est la plus connue et malgré cela je vais vous la raconter parce que c’est ma préférée et aussi mon bon plaisir.

L’histoire que je vais vous raconter n’est pas un conte inventé ici en Provence, les habitants parlent souvent de la cabro de moussu Seguin que se battégue tonto la neui erré lou lop, e piei lou matin la mangé.

Monsieur Seguin, fermier provençal n’a pas de plaisir avec ses chèvres, il les perd. Elles s’en vont dans la montagne et le loup les dévore. Tous les soins qu’il leur prodigue ne peuvent empêcher leur envie d’indépendance. Alors Monsieur Seguin ne perd pas courage et achète une septième chèvre il l’appelle Blanquette, qu’elle est jolie avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier, ses sabots luisants, ses cornes zébrées, ses poils longs blancs qui lui font comme une houppelande. Un amour de petite chèvre. Monsieur Seguin a derrière sa ferme un clos entouré d’aubépines, il plante un pieu au milieu et attache la blanquette avec une corde.

"Voilà ma petite tu pars pas dans la montagne là où le loup mange les petites chèvres".

Le brave homme se dit : ma chèvre sera heureuse ici et tous les soirs il la rentre dans l’écurie, il vient la voir souvent si elle est bien. Non la pauvre chevrette s’ennuie. Cette maudite corde qui m’écorche le cou c’est bon pour l’âne ou le bœuf, les chèvres, il leurs faut du large, de l’espace. À ce moment, l’herbe du clos lui parait fade, l’écurie trop petite. Elle rêve à la montagne, aux ruisseaux, aux fleurs, au grand air parfumé de la montagne. De ce jour, sa vie devient triste elle se languis, maigrit la tête tournée vers la montagne les yeux humides.

Alors elle décide de prendre la fuite.

Un matin, au fond de la nuit une fenêtre de l’écurie était restée ouverte "voilà l’occasion de s’enfuir maintenant".

Un petit saut et Hop ! la voilà partie. Plus de corde, plus d’écurie.

Quand blanquette arrive à la montagne c’est la fête jamais personne n’a vu plus belle chèvre, on la reçoit comme une petite reine. Plus de corde, plus de pieu, rien ne l’empêche de courir, de sauter, de gambader à sa guise et l ’herbe délicieuse parsemée de mille fleurs odorantes qui la rend ivre, des campanules bleues, des digitales, des fleurs sauvages débordantes de sucs capiteux. La voilà partie en avant dans le maquis puis au fond d’un ravin en haut, en bas, partout comme une folle on croit voir dix chèvres de Monsieur Seguin. Elle aperçoit du haut de la montagne la ferme de monsieur Seguin comme elle est petite cela la fit rire aux larmes, pauvre petite chèvre, elle se croit plus grande que le monde. Il parait même, ceci doit rester entre nous. Qu’un jeune chamois a pelage noir a eu la bonne fortune de lui plaire. Les deux amoureux se sont perdus dans le maquis et si tu veux savoir ce qu’ils se sont dit demande aux sources bavardes qui courent dans les près.

Et voilà le vent qui se lève le soir arrive la nuit tombe.

Un hurlement terrible résonne dans le noir.
- hou ! hou ! Elle pense soudain au loup, de tout le jour la folle n’y a pensé.

Et Monsieur Seguin avec sa trompe qui sonne là au fond de la vallée.
- Revient ! revient ! Blanquette.

Elle a soudain envie de revenir et puis elle pense à la corde, le pieu, l’étable et à la liberté. Elle se retourne et entend un bruit de feuilles remuées et dans la nuit deux oreilles courtes et des yeux qui brillent. Le loup est là, énorme, assis sur son train arrière, il rit méchamment en passant sa langue rouge sur ses babines. Blanquette se sent perdue, elle se rappelle les autres chèvres dévorées par le loup et reprend courage comme une brave chèvre et se met en garde la tête basse les cornes en avant, non, elle sait qu’elle ne peut tuer le loup.

Ah ! la chèvre de Monsieur Seguin, comme elle force le loup à reculer, pour reprendre son haleine. Pendant ces trêves la gourmande cueille un brin d’herbe puis elle retourne au combat.

Cela dure toute la nuit.

- Ho ! pourvu que je tienne jusqu’à l’aube !
Blanchette redouble de coups de cornes, le loup de coups de dents.

La lutte est terrible.

Le chant d’un coq monte d’une ferme au loin.

- Enfin ! dit Blanchette qui n’attend plus que le lever du soleil pour mourir, elle se couche par terre, épuisée, sa fourrure ensanglantée.

Et le loup se jette sur elle et la dévore.

(Alara lo lop li sautèt dessus e la mangèt pauralha cabra)

Pauvre petite chèvre le courage ne suffit pas pour avoir la liberté.

Les lettres de mon moulin, Alphonse Daudet.

En écrivant les LETTRES DE MON MOULIN, Alphonse Daudet a créé un genre littéraire, celui de la littérature consacrée à la Provence, qui a inspiré Giono, Pagnol. En cela, Daudet est fidèle à la tradition du monde de la Méditerranée, qui, au moins depuis les Grecs, impose l’idée d’un destin contre lequel les hommes ne peuvent rien, il nous parle de la fatalité avec de la philosophie.

CONTES DU RECUEIL DES LETTRES DE MON MOULIN

Installation
La Diligence de Beaucaire
Le Secret de Maître Cornille
La Chèvre de monsieur Seguin
Les Étoiles
L’Arlésienne
La Mule du pape
Le Phare des Sanguinaires
L’Agonie de la Sémillante
Les Douaniers
Le Curé de Cucugnan
Les Vieux
Ballades en prose
- La Mort du Dauphin
- Le Sous-préfet aux champs
Le portefeuille de Bixiou
La Légende de l’homme à la cervelle d’or
Le Poète Mistral
Les Trois Messes basses
Les Oranges
Les Deux Auberges
À Milianah
Les Sauterelles
L’Élixir du révérant père Gaucher
En Camargue
- Le Départ
- La Cabane
- À l’espère ! (À l'affût !)
- Le Rouge et le Blanc
- Le Vaccarès
Nostalgie de de caserne